Présence depuis 2001
Agathe TURLOTTE | a.turlotte@gmail.com |
Christian SIMON | simonchristian1@orange.fr |
Daniel LAAM-KUABA | laamkuaba@yahoo.fr |
28 visiteurs bénévoles, 11 prisons visitées, regroupant 4 500 détenus
Prisons où les 11 équipes-terrain PRSF interviennent :
Le président de la République, Faure Gnassingbé, effectue actuellement son quatrième mandat sans que l’économie rebondisse. Le PIB par habitant demeure faible (850€/ an). Au classement mondial, le pays occupe la 162° place.
Ce contexte politique difficile, avec des déplacements de population qui fuient le Nord du pays, conduit à une augmentation de la population carcérale et accentue la dégradation des conditions de détention. Il faut donc satisfaire par priorité les besoins en nourriture des détenus.
Dans les prisons où PRSF exploite des jardins potagers, cette activité est renforcée : à Lomé ou à Kara, les physionomies de ces deux prisons ont changé. A Kara avec l'arrivée d'une nouvelle recrue au sein de l'équipe-terrain (Élodie), le jardin a retrouvé la vie et les détenus peuvent bénéficier d'une amélioration de leur ordinaire.
A Lomé, Kara, Sokodé, l'accent est également mis sur les activités de jardinages, ce qui permet d’améliorer la valeur nutritive des repas grâce à des produits frais. Le surplus de la production est vendu de manière à dégager des fonds pour l’achat de semences.
Au sein des établissements des distributions ont été réalisées savon liquide, eau de Javel. À Kara l’activité le jardinage s’est intensifiée, une porcherie a été créée.
PRSF-Togo travaille avec plusieurs ONG qui ont les mêmes objectifs qu’elle. C’est ainsi qu’avec PAFED (Programme d’Appui à la Femme et à l’Enfance Déshéritée et 2AMC (Association d’Aide au Monde Carcéral), ils ont distribué à l’occasion de la journée de la femme des kits (savons, savon liquide, du riz, l’huile, spaghetti…) aux 11 femmes de la prison de Sokodé. Avec AVIAT, association de bénévoles italiens, l’accent est mis sur les soins gratuits de détenus souffrant notamment de paludisme.
Un plan de gestion des déchets en milieu carcéral est en cours d’élaboration à l’initiative de PRSF Togo et de 2AMC (Association d’Aide au Monde carcérale) qui fabrique du savon artisanal. Dans un premier temps, ce projet concernera les prisons de Sokodé et de Dapaong. Des partenariats sont en cours d’élaboration, notamment avec la société GUIZ et le Rotary de Lomé.
L’alphabétisation devrait être reprise dans les prisons après avoir été mise entre parenthèses du fait d’un nombre suffisant de bénévole, alors que la demande des détenus est toujours aussi forte.
Le nombre de volontaires dans les équipes terrain n’est pas suffisant et l’insécurité dans une partie du pays au Nord est grande. À la prison de Dapaong, l’activité est réduite à quelques visites, en raison de la forte insécurité dans la région.
Cependant la création d’un groupe WhatsApp entre tous les membres maintient un lien entre les équipes et permet d’espérer la reprise d’une nouvelle dynamique en identifiant par les réseaux de nouveaux candidats.
Nos bénévoles ont beaucoup de difficultés à faire émerger des idées nouvelles susceptibles de permettre la mise en œuvre d'une action durable et autofinancée et restent très dépendants du siège.
Nos derniers échanges avec le CN sont cependant porteurs d'espoir.
A Sokodé, le CN et l'équipe-terrain locale se sont associés avec un surveillant pénitentiaire et sont parvenus à créer une association dénommée « 2AMC » (Association d'Aide au Monde Carcéral et aux personnes vulnérables) qui compte huit membres, dont une présidente à la tête de la structure et qui a un statut juridique établi.
Elle a d'ailleurs fait acte de candidature à l'occasion d'un appel à projet lancé par le Fonds Mondial pour l'Environnement : dans le cadre de ce projet, l'association propose ses services dans la gestion des déchets en milieu carcéral. Si la candidature de « 2AMC » était retenue, l'association souhaiterait naturellement travailler en partenariat avec PRSF.
Le but est d’élargir son champ d’intervention sur l’ensemble des prisons du pays.
13 prisons regroupant près de 5.000 détenus (capacité d’accueil prévue pour 2.720 détenus) pour une population de 7 552 318 habitants au Togo, ce qui donne un taux d’incarcération de 66,2 pour 100 000 habitants.
Le pays reste, pour l'instant à l'abri du terrorisme islamique. A l’exception de l’extrême nord, ce qui explique qu’il n’y a plus d’intervention à la prison de Dapaong. Face aux défis économiques que rencontre le Togo, les autorités mènent plusieurs actions dont le développement des infrastructures routières, la promotion de l'emploi des jeunes, et l'activité bancaire.
La peine de mort a été abolie en 2009. Pour souligner le caractère irréversible de cette abolition, le Togo a adhéré, le 14 septembre 2016 au deuxième protocole facultatif se rapportant au pacte international relatif aux droits civils et politiques visant l’abolition de la peine de mort.
Un nouveau code pénal a par ailleurs été adopté en 2015, prévoyant diverses mesures d’exécution des peines (TIG, sursis, mis à l’épreuve…), allant dans le sens de la réinsertion. Ces avancées demeurent toutefois conditionnées à l’application du nouveau code de procédure pénale qui nécessite l’adoption préalable d’une réforme de l’organisation judiciaire. Le Togo est également touché par un taux de récidive particulièrement élevé, notamment du fait de l’absence d’une réelle politique de réinsertion et de la mixité carcérale entre prévenus/inculpés et condamnés.
Données démographiques : Estimation de la population en 2021, 8,6 millions habitants, pour une densité de 152 hab./km².
Le taux de croissance démographique est estimé à 2,69%, le taux de mortalité infantile s’élevant à 45,2/1000. L’espérance de vie est estimée à 64,5 ans.
La pauvreté a reculé mais demeure élevée puisqu’elle concerne 58,7% de la population togolaise.
Les 13 prisons accueillent à ce jour près de 5.000 détenus pour une capacité prévue de 2720 détenus, soit un taux d’occupation de 183,8%. La catégorie de personnes en attente de jugement (prévenus + inculpés) représente 65% des individus. La direction de l’administration pénitentiaire dispose d’un budget par détenu dérisoire (environ 0,27 euro par jour et par détenu), qui n’a pas été ré-évalué depuis plus de quatre ans.
État des lieux des prisons :
Il existe une équipe-terrain de bénévoles auprès de 11 prisons ; chacune étant animée par un responsable terrain. L’effectif total des équipes s’élève à 28 membres ce qui est insuffisant pour assurer une présence régulière et efficace auprès des détenus. Beaucoup de candidats n’effectuent qu’un court passage au sein des équipes terrain, déçus de ne pas trouver de compensation à leur activité bénévole.
Le dynamisme des équipes-terrain à travers leurs initiatives et l’implication de l’encadrement de la prison constituent le véritable moteur de la conduite d’actions qui améliorent significativement la condition des détenus.
Comment insuffler du regain d’énergie à nos équipes-terrain ?
Les référents-pays ne sont pas les principaux acteurs ; ils recueillent les doléances des acteurs de la prison et les invitent à construire un projet où chacun prendra sa part des responsabilité (les détenus, l’équipe-terrain de PRSF, le régisseur et la nouvelle garde). Dans ce travail de construction, c’est le premier pas pour qu’après cette appropriation, le projet soit une réussite.
Agathe TURLOTTE et Christian SIMON sont les référents-pays pour le TOGO.
Ils sont assistés sur le terrain par un coordinateur national : Daniel LAAM KUAMBA, professeur de Français au lycée de SOKODE. Ce dernier était jusqu’en 2017, assisté d’un coordinateur adjoint en la personne de Bonaventure ALOU, qui a du faire à des problèmes de santé l’ayant conduit à se placer en position de réserve opérationnelle.
Les équipes-terrain les plus solides prennent maintenant l’initiative de la réalisation de petits projets dont elles assurent le financement et contrôlent la réalisation.
Celle de Tsévié a pris en charge la réfection d’une cour intérieure afin que les détenus ne soient plus dans la boue suite aux écoulements des eaux usées.
Celle de Notsé a décidé d’équiper les cellules de ventilateurs pour atténuer la chaleur dans les bâtiments où les détenus sont enfermés la nuit, de 18h le soir à 6h le lendemain matin. Enfin, d’autres ont repris dans certaines prisons les activités mises en place dans le cadre d’un projet d’une ONG sur l’aide à la réinsertion limité à 3 ans.
Toutes les autres équipes-terrain mettent l’accent sur la distribution d’eau de javel, savon liquide, médicaments.
Aux dépenses de savon liquide et d’eau de Javel (réalisation de PRSF dans presque toutes les prisons), il faut ajouter la prise en charge des ordonnances des détenus qui ne bénéficient pas de visites de leur famille, l’achat de savons de toilette. A noter que la gale sévit encore dans certaines prisons du fait de l’absence d’examen des nouveaux détenus. Le problème des fosses septiques toujours pleines est récurrent malgré l’achat par l’Administration Pénitentiaire de 2 camions vidangeurs.
un seul repas par jour est servi aux détenus, insuffisant pour ceux qui n’ont pas le soutien de leur famille ; 7 prisons disposent d’un jardin ce qui permet aux détenus qui le souhaitent d’y travailler et d’apprendre ainsi un métier. La production s’est améliorée en quantité et a permis de commencer la vente d’une partie des légumes sur le marché pour financer l’achat des semences et le renouvellement du matériel.
Les responsables-pays encouragent l’initiative du Conseil de l’Ordre qui a institué un Bureau pénal pour assurer une permanence d’avocat pour les personnes interpellées et pour les assister lors de leur présentation devant le Procureur ou le juge d’instruction.
Ce sont principalement les activités maraîchères, l’hygiène et l’alphabétisation qui constituent les instruments de réinsertion mis en place par les équipes de PRSF.
Poursuite des actions sur les jardins maraîchers et réouverture d’une porcherie prometteuse à la prison de Kara.
Recherche de micro-projets avec l’aide notamment du Rotary.
Les responsables-pays insistent sur la collaboration avec les autres associations intervenant en milieu carcéral pour de travailler en commun et notamment pour assurer la pérennité des projets.
L’objectif visé à terme, reste celui d’une plus grande autonomie de l’ensemble des équipes de bénévoles intervenant auprès des prisons togolaises.